Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

PASCAL LACERENZA - Affiches lacérées

11 mai 2012

Vernissage

ScreenShot004

 

 

Publicité
Publicité
11 mai 2012

Les affiches lacérées de Pascal Lacerenza

Les affiches lacérées de Pascal Lacerenza

Le choc a lieu à Beaubourg, en 1982, lorsque Pascal, facteur de métier, découvre les affiches de Jacques Villeglé. Il s’émerveille devant la spontanéité du geste et puise d’emblée dans un paradoxe - l’harmonie des couleurs et des lignes dans une composition faite à partir d’affiches violemment lacérées - une énergie exutoire.

Il souhaite ensuite, guidé par ses origines, connaître des artistes italiens de Paris, qu’il rencontre autour de variations sur la Smorfia, l’univers onirique, fait de signes et de superstition, de la loterie napolitaine.

Faisant fi de la loi 1807 qui interdit l’arrachage, et dans une démarche inverse de celle de Ernest Pignon Ernest qui tapisse les murs des cités endormies, Pascal part en quête de l’imaginaire des pays et des villes qu’il parcourt, et des métros qu’il emprunte. Puis il s’acoquine avec les poseurs d’affiches.

Stimulé par la difficulté de dégager, tel un archéologue avide de déchiffrer une mémoire urbaine, les strates successives des affiches lacérées et par l’impossibilité de faire des paires ou des séries, Pascal cherche à libérer les potentiels infinis de chaque oeuvre recréée.

Très vite la récupération, complétée pour les supports, auprès de storistes, de toiles qui seront marouflées, est conditionnée par les textes et leur graphie, les thèmes et les couleurs ; Pascal agit comme un peintre qui étalerait ses pots de peinture avant de se lancer dans la composition de ses toiles. Elle est aussi conditionnée par les formats, comme pour un photographe. Le recadrage appelle la réinterprétation des oeuvres déjà composées par d’autres, voire un autre arrachage, qui va définir un nouvel équilibre plus personnel encore grâce au choix de couleurs primaires d’affiches monochromes.

La technique révèle le langage. La lacération, plus ou moins contrôlée, se doit de laisser sa part au hasard et rompre avec trop de lisibilité. Les accidents du relief – jusqu’à dix affiches pour jouer avec l’épaisseur – soulignent l’obsession pour la matière, tandis que les froissements maladroits traduisent la sensibilité.

La thématique des lieux (cycle de villes italiennes, actualité, références à l’univers cinématographique) trahissent la prédilection pour les femmes et les regards. Que d’yeux, qui semblent arrachés à la réalité, nous guettent dans l’oeuvre déployée.

Une fois la technique acquise, un tel artiste, enfermé dans une routine professionnelle qui brise l’inspiration, ne peut qu’évoluer. Et chercher dans l’aléatoire, dans l’imprévu, une dynamique créative sans cesse renouvelée. Et ce malgré la crainte, comme tant de photographes, que notre culture du papier ne disparaisse au profit de la nouvelle technologie.

Mais tant qu’il y aura des affiches pour rendre public notre monde, et des énergies pour les arracher le moment venu, Pascal saura toujours révéler un imaginaire capable de nous libérer du poids des images.

 

Ferrante Ferranti

26 août 2011

De la fiche à l'affiche

« La lacération représente pour moi ce geste primaire, c'est une guérilla des images et des signes. D'un geste rageur, le passant anonyme détourne le message et ouvre un nouvel espace de liberté. Pour moi, les affiches lacérées rapprochaient l'art de la vie et annonçaient la fin de la peinture de transposition... »
                                                                                           Jacques Villeglé


                                                 DE  LA  FICHE  À  L'AFFICHE

Entrer dans le véritable univers de Pascal Lacerenza, c'est passer de la fiche, à laquelle son métier d'employé des Postes le confronte tous les jours, à l'affiche qui constitue son univers plus intime, celui où peut s'exprimer en toute liberté sa sensibilité artistique la plus profonde. C'est également franchir le seuil d'un kaléidoscope où l'équilibre précaire des formes le dispute à l'élégance des rapprochements de couleurs.
Cet art de la lacération d'affiches, auquel s'est consacré Pascal Lacerenza, n'obéirait-il qu'aux lois d'un pur hasard ? C'est ce que nous pousserait hâtivement à croire le geste d'arracheur-voleur d'affiches, du « lacérateur anonyme », glorifié et théorisé en 1949 par Jacques Villeglé, ou encore le travail d'un Mimmo Rotella qui, traversant une période de crise artistique en 1953, en sort, selon ses propres termes, grâce à une « illumination zen » : l'affiche publicitaire comme moyen d'expression artistique et message de la ville.
Nul doute d'ailleurs que la technique utilisée par Pascal Lacerenza n'est pas sans évoquer le concept du « double décollage » de Rotella, qui consiste à arracher l'affiche de son support, puis à l'encoller et à la superposer à d'autres affiches et, par l'opération répétée des déchirures, à faire émerger une image composite nouvelle, comme une stratification et une synthèse de toutes les images utilisées. Pur hasard, donc ? On touche là au noyau de toute création artistique. Est-ce le  hasard qui dirige la main de l'artiste ou plutôt l'intuition fulgurante inspirée et guidée par une somme incalculable d'expériences, emmagasinées dans le conscient et l'inconscient, qui se libèrent et se déchaînent au moment où celui-ci plus ou moins consciemment les sollicite ? Et ne sont-ce pas la qualité et la quantité de ces expériences qui déterminent les composantes de l'oeuvre qui émerge dans son esprit et sous ses doigts?
Quoi qu'il en soit, en ce qui concerne le travail de Pascal Lacerenza, le résultat est étonnant. Les savantes lacérations, dirigées par des mouvements minutieux et calculés des mains et des doigts, donnent naissance à de superbes compositions aux structures capricieuses et toujours élégantes, rehaussées par le choix très sûr des cadres qui en exaltent les tons et l'atmosphère générale qui s'en dégage.
Certes, dira-t-on, Pascal Lacerenza n'est pas un pionnier ou un inventeur. Mais existe-t-il vraiment des inventions en art ? Chaque artiste ne se nourrit-il pas, en harmonie ou en contraste avec elles, des oeuvres qui ont précédé les siennes ? En toute logique, Pascal Lacerenza parachève,en les transformant et en leur imprimant son sceau, les oeuvres d'un Villeglé ou d'un Rotella. Il s'inspire d'elles, comme par exemple les maniéristes, sans jamais les renier, s'inspiraient des oeuvres de la Renaissance, en insufflant à leurs créations un nouveau ton très original et personnel qui les en différenciait. Et puis lorsque le destin s'arrange pour vous distinguer du lot avec un patronyme comme celui de Lacerenza, comment ne pas être attiré et séduit par la lacération, d'affiches en l'occurrence ? Lacerenza ou le lacérateur par antonomase.
Avec un goût très sûr, qu'il exerce d'ailleurs dans d'autres domaines où il excelle, comme celui de la décoration ou de la restauration de meubles et d'objets -véritable travail d'alchimiste- Pascal Lacerenza atteint, à travers ses affiches arrachées, encollées, déchiquetées et amoureusement torturées, une poésie unique de la rue et de la vie. Tous les clichés et les topos de notre époque et de notre quotidien s'étalent, accumulation en apparence cahotique mais en réalité très concertée, sous nos yeux : lèvres écarlates et sensuelles, regards mystérieux et dilatés, visages célèbres ou anonymes, parcelles de corps mutilés ou disloqués, nourritures terrestres qui ne servent plus à apaiser nos appétits, rues, perspectives tronquées, pans de murs et de monuments, assemblages de lettres ou de mots qui, en syntagmes nouveaux, ont égaré leur cohérence première.

Tous ces tableaux, clins d'oeil humoristiques et poétiques à notre quotidienneté, étalent sous notre regard médusé et bluffé, un monde décomposé et recomposé, neuf dans le vertige de son foisonnement et de son absurde insignifiance. Insignifiance et absurde, dont l'art exalte la grandeur.

                                                                            Jean FRACCHIOLLA

26 août 2011

Biographie de l'artiste

Biographie de l'artiste

Pascal Lacerenza est né en 1962 à Villejuif et vit à Menton. Ses origines italiennes (Foggia dans les Pouilles) le conduisent tout naturellement vers les arts et l'approfondissement de la langue de ses ancêtres. Il entreprend donc des études d'italien à la Sorbonne, où il obtient une maîtrise et il enseigne cette langue tout en se consacrant à l'art contemporain, qui sera toujours pour lui un pôle d'attraction essentiel, comme assistant à la galerie d'Art Contemporain de Fontainebleau. Il est en même temps attiré par l'architecture et occupe le poste de secrétaire de l'Association Eileen Gray Etoile de Mer Le Corbusier pour la sauvegarde du site Eileen Gray.

Passionné par les langues (italien, anglais, espagnol) et par l'art contemporain, il se lance dans la décoration et dans la création, sur les traces de deux artistes qu'il admire par dessus tout et dont il fera sa référence constante: Jacques Villeglé et Mimmo Rotella.

Il expose ses oeuvres dans plusieurs villes italiennes (Parme, Reggio Emilia, Foggia, Palerme...) et en même temps exerce le métier d'employé des Postes qui lui permet de sillonner la France de Sevran à Vallauris et de Vallauris à Monaco et Menton.

Sur le chemin de ses errances et de ses goûts, il est le « voleur » d'affiches que préconisait et souhaitait Villeglé et s'amuse à piller les murs des villes qu'il traverse (Berlin, Monaco, Paris...) pour asservir son butin aux buts savants de son art et le transmuer en magnifiques fragments de mosaïques, qui deviennent les symboles de l'éclatement des vies et du monde contemporains.

                                                                                              Jean Fracchiolla

Publicité
Publicité
PASCAL LACERENZA   -   Affiches lacérées
Publicité
PASCAL LACERENZA - Affiches lacérées
Newsletter
Publicité